Un souffle, léger, sous la lumière du jour. [Libre]

Une brise légère souleva les cheveux de Kanan, qui venait d'arriver a l'arrêt de bus du Lycée Yokai. Un épouvantail servait d'accueil et la jeune femme, entièrement cachée sous une cape bleue et blanche, esquissa un sourire léger. Ca, effrayant? Non, du tout, elle avait vécu bien pire. Elle s'attarda sur le décor, ses yeux dorés enregistrant tout ce qui se trouvait autour d'elle.

Quelques arbres sans feuilles, aux branches courbées par un vent léger, donnaient l'impression que des griffes se penchaient sur ceux qui marchaient dans cette allée. Des corbeaux, aussi, qui croassaient sur quelques tombes brisées, ca et la sur le bord de l'allée de terre. Bon, encore un décor inspiré d'une imagination de gosse? C'est pas effrayant, ca!... Kanan, le sourire aux lèvres sous sa capuche, s'avanca dans l'allée jusqu'a atteindre la cour de l'école. L'endroit y était un peu plus agréable, et elle repréa deux choses importantes a ses yeux, ce qui fit bouger sa cape. La première, c'était des bancs! Parfait pour pioncer entre deux cours. Et pour vider ce qu'elle portait dans son sac, de quoi nourrir une armée selon certains. L'épée brisée de son père, quelques vêtements de rechange, son violon favori, et plein, plein de pommes. La seconde chose était un distributeur de canettes, ou elle se dirigea tranquillement en sifflotant, retenant au moins le décor qui l'entourait, on ne sait jamais.

Elle se pencha légèrement, histoire de voir ce qu'il y avait dans ce distributeur... Hmm... Jus de tomate... Bah, c'est pour les faibles. Bonbon au chocolat... Beurk. Ah! Jus de pomme. Elle inséra une pièce dans la fente et récupéra sa boisson fétiche avant de se poser sur un banc, a demi-allongée pour ne pas froisser son aile. Elle baissa sa capuche avant de regarder en l'air, buvant son jus de pomme en souriant légèrement.

- Un bon jus de pomme et un banc pour s'allonger... Que pourrait il avoir de mieux?

Une brise légère dégagea sa mèche bleue, et la jeune femme soupira légèrement en voyant passer un nuage. D'un coté elle se demandait ce qu'il pouvait bien arriver, la haut, même si désormais, sa vie était un peu plus bas que les étoiles.

Invité

( ça, c'est pour moi ! xD )

Retour au bercail.

Le bus s'arrêta, et je descendis dans les derniers passagers, bien après mes deux rejetons. Posant pieds sur ces mêmes terres que j'avais déjà foulé il y a bien des années de cela, j'observais les environs, envahie d'un sentiment de nostalgie profonde. Rien n'avait changé, même pas cet épouvantail à tête de citrouille qui tenait cette pancarte inscrite " Lycée Privé Yôkai ", juste à côté de cet arbre mort à l'écorce noircie. Non, rien n'avait changé.

Je ne fut pas surprise de voir Hime s'enfuir, et ne tentais rien pour l'en empêcher, son frère la suivrait certainement. Me devant d'être à partir de maintenant neutre face à eux deux, je fis comme si je ne les connaissais pas. Ils n'étaient que deux nouveaux élèves inconnus pour moi. Eh oui, pas de favoritisme, même pour les enfants de professeurs !

Je me mis alors en direction de ce même établissement qui m'avait autrefois déjà abritée, mais en tant que simple élève et membre du comité, à l'époque. Aujourd'hui, c'était en tant que professeur que je revenais en ces lieux, où j'en avais vécu bien plus en une seule année que certains ne vivraient dans toute leur vie. Et je n'avais jamais eu de regrets à être venue dans cet endroit, qui m'avait changé. En bien, en mal ? Je ne pouvais pas en juger par moi même. Mais j'aimais ce que j'étais devenue. J'espérais que la nouvelle génération saurait apprendre autant de choses que j'en avais moi même apprises autrefois.

En traversant le cimetière, ce fut de nouveau une foule de souvenirs qui m'assaillirent. La plupart du temps, quand je venais ici autrefois, j'étais soit avec elle, soit avec lui. Qu'étaient-ils devenus, tous les deux ? Elle, qui avait été ma confidente, ma camarade des délires les plus fous, celle avec qui j'aimais faire les quatre-cent coups ? Et lui, qui m'avait si souvent torturée, quand j'allais le provoquer ? Ils me manquaient tous les deux, l'une plus que l'autre, mais tous les deux quand même. Je soupirais. Le temps nous avait tous séparés...

J'atteignais enfin le grand portail en fer forgé, fraichement repeint, portant mes pas dans ce qui n'était que la cour du lycée. Une simple cour pour bien des personnes, mais un lieu pour moi, comme tous les autres à l'intérieur de ce Kekkai, empreint des marques que mes amis de l'époque et moi même y avions laissés.

J'arrivais près des distributeurs dans un coin de la cour, à l'abris de la pluie -si jamais il pleuvait, en tout cas, ce qui n'était pas le cas- et regardais un peu ce qu'il y avait, avant d'opter pour un banal jus d'orange. J'ouvrais la canette, me dirigeant vers un banc. Sauf que, maladroite comme je l'étais, porter une canette et des valises... Splash. J'avais trébuché, la canette avait vu la moitié de son contenu déversé sur le sol, et une de mes valises était ouverte. Malheur !

En plus, une élève se tenait sur un banc, non loin. Elle avait très certainement assisté à cette scène, et si elle était du genre à colporter des rumeurs sur les gens, j'étais bien partie pour être la risée des professeurs, dés le premier jour. C'était bien ma veine, tiens. Déjà agacée et gênée par ce début de journée, je me mit en quête de remettre ma canette droite, sur le sol, et de ramasser un peu mes pauvres affaires échappées de leur valise.

( tu me dis si quelque chose ne va pas ^^ )

Ce ne fut pas le choc de la canette qui la sortit de sa rêverie, pas plus que le son si évident d'un lourde chute sur le sol. C'était autre chose, quelque chose qu'elle avait déja ressenti auparavant, comme si une essence proche de la sienne se trouvait non loin d'elle. Se relevant tout en remettant sa capuche, qui ne laissait que son sourire de visible, elle resserra sa cape en se relevant, terminant d'une traite son jus de pomme avant de broyer la canette d'une main, et marquer un panier avec dans la plus proche poubelle. Légère et svelte, une fine rafale de vent soulevant sa cape de nacre, elle s'approcha en douceur de l'origine de cette étrange sensation. Voyant la jeune femme en pleine galère avec une canette et une valise ouverte, Kanan se décida de l'aider au mieux, tachant de garder sa capuche en place.

Lui rendant ses affaires avec soin, elle attendit simplement que cette jeune femme la regarde, pour esquisser un sourire certes sincère, mais irréel. Seule elle même et trois autres personnes auraient pu déceler quelle émotion passait dans ce sourire, mais elles n'étaient nullement présentes. Tant mieux, son coeur était certes accessible au commun des mortels, mais rien ne le percerait pour l'instant. Une fois que tout fut rangé, Kanan se releva, lissant sa cape et aidant cette personne chargée a se relever, faisant preuve d'une force plutot impressionnante.

- J'espère que vous n'êtes pas blessée, ce serait gênant...

Une voix cristalline, d'ou transparaissait, au premier abord, une grande amabilité et un profond respect pour ce qui l'entourait. Tout comme son sourire, le ton de sa voix était indéchiffrable... a moins de connaitre les élans de son coeur encore fraichement brisé. Imperceptiblement, la rafale légère qui entourait Kanan s'élargit et s'intensifia, soulevant en douceur dans les airs tout ce qui était susceptible de s'envoler sous cette brise tiède.

- Peut être pourrais-je vous aider, vous avez l'air... chargée.

Elle fouina son sac et sortit une pomme d'un rouge éclatant, puis baissa sa capuche. C'était bien le seul moment ou elle baissait le tissu blanc, celui ci le gênant pour croquer dans son fruit favori. Ses yeux s'étaient docilement calibrés sur l'essence étrange qu'elle avait ressentie, ils étaient d'un joli rouge grenat, a peine dissimulé entre ses mèches rebelles qui lui masquaient parfois les yeux. Elle croqua docilement dans le fruit, patiente, tandis qu'elle réfléchissait déja a qui pouvait être cette jeune femme. Le souvenir de ce qu'elle vécut, au Paradis, fit ternir ses yeux qui étaient devenus soudainement dorés, puis grisonnants. Cela dit, elle cachait parfaitement bien ses peines et douleurs, et décocha a son vis-a-vis un autre sourire irréel.

- J'en oublie mes bonnes manières, désolée! Elle s'inclina légèrement, dégageant sa capuche qui lui étaient retombée sur les oreilles. Je m'appelle Kanan, je viens d'arriver dans ce lycée.

Invité

Un peu d'aide n'est jamais de refus.

Je ne remarquais pas aussitot la jeune femme à la capuche rabattue qui ne laissait ainsi voir que son sourire, et qui avançait vers moi. Si je n'avais pas été aussi nerveuse que je l'étais, j'aurais peut etre relevé la tête, en entendant un bruit de métal broyé, des pas qui venaient dans ma direction ou même juste l'aura que je sentais. Une aura que j'avais l'impression de connaître, dans un passé soit très lointain, soit qui n'existait tout simplement pas.

Je ne pris réellement conscience de sa présence que lorsqu'elle m'aida à ramasser mes affaires. Je soupirais de soulagement quand tout fut en ordre, et levait le regard vers l'inconnue qui m'avait porté secours. Je lui rendit son sourire alors qu'elle se redressait, lissait sa cape et m'aidait à me relever avec une facilité qui aurait pu être déconcertante ailleurs qu'ici. Elle sembla s'inquiéter de savoir si j'étais blessée ou non, et je secouais la tête dans un hochement négatif.

- Aucune casse apparemment, tout fonctionne. Merci, pour l'aide.

Sa voix était jolie, cristaline, aimable et respectueuse, loin de l'image que je me faisais des élève qui prendrait la relève de notre génération. A mon époque, si j'avais été sensei, combien m'auraient parlé ainsi ? Très peu, surement. Je pensais surtout à un certain neko qui fut mon meilleur ami et une certaine démone qui fut ma colocataire, pour n'en citer que deux. Enfin, même maintenant, peut-être étais-je tombée sur l'une de ces exeptions justement. Elle me proposa de nouveau son aide, ce qui me décrocha un sourire.

- C'est très aimable à vous, si cela ne vous dérange pas de m'aider jusqu'au secrétariat au moins...

En vérité, j'avais surtout besoin de compagnie histoire de me calmer. Est-ce que tous les professeurs étaient si nerveux quand ils venaient enseigner dans l'école dans laquelle ils avaient eux-même étudié autrefois ? Cela ne m'inquiéta qu'une seule seconde, la jeune femme avait sortie une pomme de son sac, et retiré sa capuche. Ses cheveux, quelques peu soulevés par la brise tiède, attirèrent mon regard en premier. Blanc, ou argentés suivant l'éclairage, et une mèche bleue. Jolie, et pas tellement banale. Ses yeux rouge grenat étaient quelque peu dissimulés derrière des mèches de cheveux. Puis, sans que je ne comprenne vraiment comment, ses yeux étaient passé au doré, puis dans les tons gris. Elle aussi, donc, ses yeux changeait de couleur. Les miens, à l'heure actuelle, devaient tourner dans les tons du vert d'eau, que j'associais à mes nerfs à fleur de peau.

Elle s'inclina alors légèrement en se présentant à moi, après s'être excusée d'oublier ses bonnes manières. Oups. Je n'étais pas vraiment en reste pour le coup. Et dire que je suis une professeur ! ... Bref. Kanan, joli prénom pour jolie fille, que demander de plus ? Beaucoup de chose me direz-vous.

- Enchantée , fis-je en m'inclinant légèrememt à mon tour. Je suis Yûki Kurotsuki, ancienne élève de ce lycée, aujourd'hui professeur. J'admet être un peu nerveuse, mais j'aime rencontrer des élèves comme toi.

Je souriais sincèrement, mes paroles en rien inventées pour me faire bien voir, au contraire. Juste la vérité, rien que la vérité.

Elle faillit s'étouffer en croquant dans sa pomme, suite aux paroles de la jeune femme. En plus d'être une de ses futurs sensei... c'était une ancienne élève. Reprenant son souffle et une respiration normale, elle balanca le restant de sa pomme dans la plus proche poubelle, jaugeant discrètement la jeune femme. Peut être avait elle donc connu son père et pourrait lui en dire plus sur lui... Mais ce n'était pas le moment d'avancer dans des recherches aussi obscures que l'étaient son paternel. Elle accepta l'offre de Yuki pour l'accompagner jusqu'au secrétariat, marchant aux cotés de la jeune femme en toute légereté. Aucun de ses pas ne fit de bruit, donnant presque l'impression qu'elle lévitait au dessus du sol, mais il n'en était rien. C'était dans ses habitudes, d'avoir une démarche légère et souple, un rien provocante, malgré la cape qui se soulevait de temps a autres et dévoilait sa tenue plutot exotique et bien ouverte sur ses atouts de jeune femme. Juste ce qu'il faut, la ou il faut, bien sur.

Elle était nerveuse, mais peu importe, ce n'était, finalement, qu'un simple détail sans trop d'importance. Elle savait que ceux qui restaient suffisamment longtemps avec elle voyaient leur nervosité s'envoler. Sans doute inspirés par la confiance que Kanan donnait... Ou troublés par sa beauté, qui sait.

- Une ancienne élève devenue professeur? C'est... inattendu, je pensais plutot que les anciens se seraient éloignés de ce lycée...

Elle bougea l'épaule, la cape commencant a la gêner dans ses mouvements. Elle posa son sac qui tinta dans un bruit d'acier, et décrocha sa cape, la rangeant dans le dit sac. Elle n'avait rien d'exceptionnel, rien que Yuki n'aurait pu voir... Excepté cette aile unique, d'un blanc bleuté doux et peu agressif, qui s'étira avant de se replier légèrement. Faisant comme si de rien n'était, Kanan remit son sac sur son épaule et reprit la marche en paix, et d'une vive bonne humeur, presque palpable.

- Mais pourquoi apprécier les rencontres avec les élèves...? J'ai un peu de mal a comprendre en quoi cela peut vous être utile...

"...Surtout que vous êtes la première a me parler ici". Elle ravala la fin de sa tirade qui trottait dans son esprit, songeuse en regardant l'immense batisse. Son père était passé ici, c'était certain. Maintenant, il s'agit de savoir ce qu'il faisait la... Et pourquoi il a filé. Mais ce n'était pas le moment d'être directe, pour une fois que quelqu'un ne la fuyait pas, elle comptait bien profiter quelque peu de la présence de Yuki...

Invité

Souvenirs, souvenirs, ne fuyez jamais ♪

Elle eut une drôle de réaction quand je lui dis que j'étais une ancienne élève, manquant apparemment s'étouffer avec sa pomme, et je ne compris pas pourquoi. C'était si étonnant de voir une ancienne élève devenir professeur ici ? Bon, il est vrai que cette académie n'avait pas vraiment tout pour plaire, du moins elle n'avait sûrement pas eu tout pour plaire, mais à l'époque déjà j'y avais vécu tant de choses que c'était devenu mon second foyer, enfin le troisième à ce moment là si on voulait être pointilleux. Certes ce n'avais pas été un paradis sur terre à l'époque de mes seize ans, j'en avais vu des vertes et des pas mûres, entre viols, combats, amours foireux, ou d'autres choses, mais j'y avais aussi vécu de superbes choses, comme la naissance de mes enfants, de belles histoires sentimentales même si elles furent éphémères pour la plupart, les plus belles amitiés... Alors aujourd'hui, après avoir mûri, pris de l'âge, je pouvais affirmer que je n'avais aucuns regrets, et que cela ne m'avait aidé qu'à comprendre la vie et ses aléas.

Elle accepta de m'accompagner au secrétariat, et je repris mes affaires avant d'en prendre la direction, un peu nostalgique de mes seize ans. Dire que j'avais fait le même chemin autrefois, chargée de bagages, mais moins nerveuse. Car cet endroit avait d'abord été un terrain de jeu grandeur nature pour moi, et ma colocataire, Nana Shirabuki, était ma victime, à la base. Je voulais jouer avec elle... Et j'avais fini à être son amie. Bien jouée Nana ! J'eu un sursaut imperceptible, lorsqu'elle reprit la parole, et je reportais mon attention sur elle. Elle semblait sincèrement étonnée de ma condition d'ancienne élève.

- Eh bien... Malgré tout ce que j'ai pu subir autrefois, même en ayant affronté les ténèbres, la mort, le désespoir ou que sais-je d'autre, c'est surtout ici que j'ai fais les plus belles rencontres... D'ailleurs j'espère bien retrouver d'anciens camarades de cette époque.

Sans que je comprenne tout, elle posa son sac dans un bruit étrangement métalique qui m'étonna, ôta sa cape et la rangea dans le-dit sac qu'elle referma sans que j'ai rien pu voir, de toute manière je n'avais, malgré ma curiosité, pas cherché à regarder, par respect. Alors, je la vis. Son aile unique, blanc-bleutée qu'elle étira et replia légèrement, remettant son sac sur son épaule comme si de rien n'était. Enfin, elle semblait de bonne humeur. Mais ses paroles me laissèrent un peu soucieuse, à vrai dire je n'avais jamais réfléchit au pourquoi j'aimais rencontrer les élèves, en dehors des cours. Maintenant que j'y pensais, la réponse s'imposait d'elle même à moi.

- Il est toujours mieux d'entretenir de bonnes relations professeur élèves, non ? Je préférais cela, quand j'étais plus jeune, mais ce n'est que mon avis personnel après tout.

Je la regardait, un sourire accroché aux lèvres, trébuchant de nouveau. Mais cette fois, je me rattrapait de justesse, et reprenait la parole en faisant mine de rien, un peu honteuse de ma maladresse.

- Mais, dis-moi, es-tu la fille d'anciens élèves, ou es-tu la première à venir étudier à Yôkai ? Pour tout avouer, ton aura me rappelle très vaguement celle de quelqu'un, mais je me fais peut-être des idées...

Elle l'écoutait tranquillement, marchant a ses cotés et restant silencieuse. Affronter les ténèbres, le désespoir et la mort... Et avoir tout de même fait de belles rencontres, c'est particulier...Et dans un sens, cela lui rappelait les morts de son père, ceux qu'il murmurait dans sa demi-conscience de fin de vie. Mais d'un coté... Elle ne voulait pas vraiment vivre ce qui lui était arrivé. Et si la sensei espérait retrouver d'anciens camarades de cette époque lointaine... Cela pourrait l'aider, enfin, peut être.

Et quant a entretenir des relations avec un professeur... Rien que l'idée la fit légèrement frémir. Excepté son père, quand il était encore en pleine forme et pas complètement sénile, tous ceux avec qui elle avait tenté d'apprendre un simple fil d'information sur le monde ont voulu conclure dans un lit... DU coup, elle s'en méfiait, et pas qu'un peu.

- Préférable, peut être, peut être pas... Tout dépend de la situation...

Elle trébucha encore, et un demi-sourire s'étira sur les lèvres de Kanan. Une sensei maladroite... L'année commencait très bien. Cependant, sa question la figea sur place. Bien sur, elle s'y attendait, un jour ou l'autre... Mais pas aussi vite, pas aussi tot... A peine après quelques minutes, ce qu'elle ne voulait pas révéler venait sur la table.

Reprenant ses esprits, elle rattrapa la jeune femme, ses yeux ayant pris une teinte grisatre, vide de sens. Son sourire et sa bonne humeur palpable avaient disparu, et étrangement, le vent qui se levait était humide, comme annonciateur d'une forte pluie... Malgré le ciel bleu azuré.

- Ni oui... ni non. Je sais juste que mon père a étudié ici... Elle baissa le regard. Et je ne sais rien de lui, mis a part ca. Je me suis dit...que ce serait un bon départ de recherches... Et ca me permet aussi d'échapper a ces pigeons blanchis, la haut.

Elle leva les yeux... Bien sur, elle n'avait pas fait que de mauvaises rencontres au Paradis. Mais la majorité des Anges voulaient soit se la taper, soit la bannir... Difficile de garder son calme dans ces cas la. Mais ce qu'avait rajouté Yuki la fit tilter. Son aura lui rappelait quelqu'un...

- Si mon aura vous rappelle quelqu'un... De qui s'agit il?

Invité

Ils ne sont cependant pas tous bons à garder.

Les souvenirs de tout ce que j'avais enduré ici autrefois m'envahissaient, me laissant toute chose. J'avais traversé tellement de troubles... Etait-ce pour cela qu'aujourd'hui, je me sentais différente, changée ? J'étais quand même bizarre, d'avoir tant enduré, et pourtant regretter cette période qui aurait pu m'être fatale plus d'une fois. J'avais changé les autres, et les autres m'avaient changée. En bien ? En mal ? Je ne pense pas que je serais une juge très objective. Au moins, j'avais appris à vaincre ma haine contre les demi-vampires et les sang pur, et j'avais trouvé l'amitié et l'amour... Qu'est ce que je pouvais bien regretter ?

Elle me tira de mes pensées, et je ris à ses paroles. Moui, elle n'avait pas tort. Il est vrai qu'il valait mieux éviter certaines rencontres. Je me souvenais surtout d'un certain professeur de l'époque. Allen, je crois. Lui, j'en avais, disons, gardé de mauvais souvenirs. Alors, elle avait raisons, certaines rencontres n'étaient pas préférables. Mais, dans d'autres cas, c'était bien.

- Tout dépend sur qui on tombe, je crois... soupirais-je doucement.

Je remarquais le sourire qu'elle avait, et ne pu m'empêcher de sourire aussi. J'avais toujours été plus ou moins maladroite -le comble pour un vampire. D'ailleurs, pour l'anecdote, lors de réceptions nocturnes à l'époque où j'étais chez mes parents, il n'était pas rare que je trébuche, en pleine valse par exemple; au moins, là dessus, je n'avais pas changé- mais avec le stress, c'était encore pire.

Lorsque je remarquais elle n'était plus à mes côtés, je m'arrêtais et me tournais pour la voir, alors qu'elle me rattrapait. Je me demandais si j'avais touché une corde sensible... Possible. Ses yeux étaient gris, à présent, et sa bonne humeur avait disparue, chose que je trouvais dommage. Un vent humide se leva, et je levais la tête pour regarder le ciel... Bleu. Aucune pluie en vue. Alors, pourquoi...? Je ne cherchais pas très longtemps, car elle répondit à ma question.

- Oh, je vois... S'il a étudié ici, je te conseille d'aller consulter les archives du lycée, à la bibliothèque. Tu devrais pouvoir trouver quelques petites choses, je pense.

Sa remarque sur des "pigeons blanchis", "là-haut" , m'étonna. Là-haut ? Pigeons blanchis... Anges ? Je la regardais, sans répondre dans un premier temps, mon regard passé au bleu sombre plongé dans le sien. Je devais retrouver son nom... Un souvenir revint à moi, un combat... Six contre un. Celui que l'on appelait "Dark Ayanami" , contre Shizuka, ma chef de l'époque, Nana ma colocataire, Sumire que je ne connaissais pas vraiment, Midori une humaine devenue ange, moi-même et...

- Sanaka. Sanaka Midori Raem. Un Ange. Si mes souvenirs sont bons.

Un héros, si je pouvais me permettre. Sans lui, peut-être que je ne serais même plus là pour en parler, et mes camarades de l'époque non plus...

Elle bloqua complètement en route, manquant de tomber. Un ange... Evidemment, cela ne pouvait être que lui, mais il lui fallait en être sure. Un fragment de piste se dessinait, et elle serra son sac contre elle, le bruit de l'acier s'entrechoquant résonnant quelque peu. Elle plongea sa main dans le dit sac et en sortit une garde d'épée brisée, un morceau de lame pointu et encore tranchant restait encore fixé a la garde luisante sous les rayons du soleil. Elle regarda Yuki, un soupcon d'espoir dans le regard...et une larme perlant au coin de ses yeux.

- Si c'était un ange aux ailes noires... qui maniait cette épée... Cela ne peut être que lui...

L'épée brisée Stormbringer... Elle avait éclaté comme du verre quand son père est mort, et elle cherchait un moyen de la réparer, mais comment? D'autant que, selon lui, cette arme était a moitié vivante. Et même avec toute la force du monde, personne ne relevait les morts.
Elle admira un court instant l'épée brisée, la gardant dans sa main. Aucune chance de réparer une arme vivante, cela dit... Il lui fallait au moins essayer. Elle avait bien Daylight, sa lance invoquée, mais elle risquait de la tuer a chaque fois. Pourquoi, d'ailleurs?

Son regard redevenu bleuté se posa sur Yuki, le vent qu'elle générait devenant bien moins humide, et surtout plus chaud. Et pour la première fois depuis son existence, elle fit un sourire sincère, celui de ceux qui étaient satisfaits de ce qu'ils découvraient... ou de ceux qui avaient simplement la joie de vivre. Ce n'est pas au Paradis que l'on apprend la joie de vivre, surtout quand on vit éternellement.

- Je crois que je saurais jamais vous remercier assez, sensei... Même si celapeut paraitre peu de choses a vos yeux.

Que dire d'autre? Elle retrouvait peu a peu le passé de son père, et savait ce qu'il avait été... Mis a part avoir une vie normale malgré son aile, elle ne pouvait espérer mieux.

Mais moi, je ne veux en oublier aucun. Juste pour eux.

Elle s'arrêta de nouveau, soudainement, et je m'arrêtais aussi. Je la regardais faire, fouiller dans son sac, et clignais des yeux en la voyant sortir une épée brisée, qui me rappelait très vaguement quelque chose. Je fus sonnée de voir Kanan aux bords des larmes. Tout comme par ses paroles. Aucun doute, j'avais en face de moi la fille de Sanaka. Cet ange qui avait sauvé le lycée et la vie de tous les élèves autrefois, sans exagérer la chose. Un souvenirs, un combat mémorable qui avait certainement marqué les annales du lycée. Ce jour là, malgré que plusieurs d'entre nous n'avaient été les uns pour les autres que de presque inconnus, nous avions combattus côté à côté, et nous avions vaincus. Le seul mérite que je m'attribuais de ce jour là était peut être d'avoir sauvé mon beau frère. Ayanami. Rien de plus. Le mérite revenait aux autres, surtout que c'était partit d'un simple petit règlement de compte entre ce fameux Dark Aya' et moi. Oui, j'avais toujours eu le don de m'attirer des ennuis.

- Oui... Des ailes noires qui crépitaient. Ce n'était pas très discret d'ailleurs. Je me rappelle vaguement de cette épée. Mais, si ce n'est pas trop indiscret, pourquoi est-elle brisée ? Elle semblait pourtant très solide...

Je regardais la jeune femme, ses yeux bleus identiques aux miens cette fois, et son sourire qui cette fois avait l'air réellement sincère, chose qui me fit chaud au coeur, de même que ses mots qui me touchaient. J'étais heureuse d'avoir pu l'aider. Je ne pouvais qu'imaginer ce que c'était de vivre sans rien connaître de ses parents ni quoique ce soit d'autre, et si j'avais fait une heureuse, alors tout était parfait.

- Tu me vois ravie d'avoir pu t'aider. Je n'ai pas tellement connu ton père... Mais je peux te dire que je le considère comme un héros. Il m'a sauvée la vie, et pas seulement à moi, mais à tous les élèves de ce lycée à l'époque où nous étions étudiants. Tu peux être fière d'être sa fille.

Un sourire restait sur mes lèvres, et je laissais malgré moi une larme couler sur ma joue, une larme de nostalgie. Oui, je regrettais le temps passé. Mais la touche retour n'existait pas, malheureusement. Maintenant c'était à nos enfants de prendre la relève, et d'inscrire leurs noms dans l'histoire du lycée...

[HRP : Voilà, je reprends le post, comme promis ! ^^]

Je baissais légèrement la tête, rangeant le fragment de lame brisé dans mon sac. Alors qu'elle me posait cette simple question, sans arrière pensée aucune, le souvenir de ce jour que je maudissais intérieurement revenait en mon esprit, et je ne pouvais m'empêcher de trembler. Revoir mon père, ce fragment sombre comme la nuit planté dans le coeur, signe de sa chute vers l'infini ténébreux, me retournait toujours l'estomac, malgré qu'il se soit passé quelques petites choses entretemps qui auraient pu me faire oublier ce... douloureux souvenir.
Je relevais un peu la tête, posant mes yeux redevenus dorés dans ceux de la sensei, lachant la nouvelle en gardant mes propres pensées bien au fond de moi.

- Quand mon père est mort... Sa lame s'est brisée. Elle a éclaté comme du verre...

Je secouais un peu la tête, tachant de chasser de souvenir des plus déplaisants de mon esprit, mais c'était impossible, je n'y arrive pas... Je faisais avec, alors que mes larmes coulaient a nouveau sur mes joues sans que je puisse y faire grand chose.

- Il disait souvent que cette arme était vivante... Et j'essaye de la réparer, si j'y arrive... je saurais sans doute tout ce que j'ai besoin de savoir sur lui, et aussi sur ma mère... Et mes tantes, les soeurs de mon père.

Malgré tout, j'avais un peu souri quand elle avait décrit mon père comme une sorte de héros. Je n'étais pas vraiment étonnée qu'elle dise ca, il avait, dans le peu de souvenirs que j'avais de lui, un certain... sens du devoir. Malgré qu'il était hai par la quasi totalité des Anges, la haut, il ne se gênait pas pour leur filer l'un ou l'autre coup de main... Pendant que moi je servais de petit jouet a ces pervers finis d'emplumés. Ce n'était pas déplaisant, bien au contraire, mais mon moral en prenait un coup a chaque fois... Il fallait que je fasse autre chose de ma vie, que de servir d'amusement a des vieux poulets lubriques.

- Pas très étonnant qu'il soit une sorte de héros... Je l'ai peu vu, mais c'est quelque chose qui se ressentait, a ses cotés... Mais bon, je n'ai pas hérité de ses talents a lui, on dirait... Plutot ceux de ma mère dont je ne sais rien non plus.

Une autre vérité... J'ignorais carrément qui était ma mère. Je savais juste qu'elle s'était enfuie a ma naissance, mais rien de plus. Je ne savais pas si je devais la détester ou pas... Elle m'avait abandonnée, mais mon père s'occupait de moi, mes tantes aussi... Peut être avait elle ses raisons, ou qu'elle a eu peur.
J'esquissais un vague sourire vers la sensei, perdue dans mes souvenirs

- Finalement, je ne sais rien de ma famille... Presque rien. Triste. Non?

Il faut savoir avancer même sans ceux qui nous ont guidés.

Je restais muette, le temps que l'information s'imprime en moi, et cela mit quelques longues secondes, avant que je ne finisse muette de stupeur, cette fois, choquée, troublée. La nouvelle me coupait le souffle. Sanaka... mort...? J'avais du mal à digérer la nouvelle, en me rappelant cet ange fier et fort, notamment une fois où il avait voulu se cacher dans un arbre, nous espionnant Ayanami, Haruki et moi... Ou bien lorsqu'on avait faillit se partager la petite chatonne, comment elle s'appelait déjà... Kaneko ? Je ne l'avais pas beaucoup connu, mais je lui devais la vie, et la nouvelle de sa mort me fit mal. Cela du se lire dans mes yeux, aussi je préférais regarder ailleurs.

Je me rendis compte que Kanan pleurait, et je la regardais, venant sans trop savoir pourquoi la prendre dans mes bras. L'instinct maternel peut-être ? Peu importe, je ne supportais pas de la voir pleurer, même si j'admet que mes larmes auraient parfaitement pu se joindre aux siennes, je me retins. Je caressais doucement ses cheveux, avant de m'éloigner un peu en défaisant mon étreinte, de peur qu'elle le prenne mal.

- Je suis désolée... soufflais-je doucement. Je ne sais pas si tu parviendras à réparer cette épée... Après tout, elle était liée à ton père... Enfin, je te souhaite d'y parvenir. En attendant, je peux essayer de répondre à tes questions, sur ta famille, si tu en as ?

Je réfléchis un peu, essayant de me rappeler de tout ce que je pouvais savoir. Pas grand chose, forcément. A moins que... Elle s'appelait comment, déjà... Et zut ! Comment je pouvais oublier ça ? La petite hybride qui m'avait embrassée dans la bibliothèque, le principal atout du comité... Je suis nulle, définitivement. Dire que je l'adorais, comment j'avais pu oub... Sari' ! Sarina. Dans le mille. Elle n'était un "membre" de la famille de Sanaka, elle ? Mes souvenirs étaient trop flous pour que je m'en souvienne. Décidément, 16 ans, ça remontait à loin. Ca mettait un sacré coup de vieux, aussi.

- Pour ta mère... Je sais juste qu'à l'époque où il était élève ici, il était avec une humaine, Midori... Midori Saechima, je crois. Il l'avait transformée en ange, il me semble, puisqu'elle avait combattue à nos côtés...

Je lui rendis son petit sourire, un peu tristement, mon regard, le bleu de mes yeux s'étant assombri sous le coup de la tristesse. Je n'arrivais toujours pas à croire que Sanaka... Non, Yûki, arrête d'y penser, tu te fais du mal pour rien. Au fond, je craignais que d'autres de mes amis ne soient plus en vie... Je déglutis, fermant les yeux un instant le temps de chasser ces pensées angoissantes de mon esprit.

- C'est triste, oui. Mais ici, en remontant aux sources, tu devrais pouvoir en apprendre, des choses. Je t'y aiderais, autant que je peux. Si ça peut te rendre le sourire... et si tu acceptes mon aide.

Cette fois, un grand sourire se dessina sur mes lèvres, un sourire empli de compassion. Oui, je voulais l'aider, car vivre dans l'inconnu devait être très difficile. Je ne pouvais pas vraiment le comprendre, ne l'ayant jamais vécu, mais je pouvais un peu imaginer... Juste un peu...

Elle voulait m'aider... Evidemment je n'allais pas refuser, et j'avais des kilomètres de questions a lui poser... Assez pour en faire une autoroute a questions! Mais je ne savais pas trop comment réagir, sur le coup... Je voulais savoir qui était mon père, oui, mais... Que ferais-je de tout ce que j'aurais pu apprendre? Cela ne changera pas ce qu'il s'est passé, la haut, ni la manière dont j'ai vécu... Je laissais tout de même la sensei me serrer contre elle, je n'allais pas refuser de toutes manières, j'adore les contacts physiques...
Le prénom qu'elle souffla me fit un peu tiquer. C'est... celui qu'il murmurait dans son sommeil. Je comprenais pourquoi... Il était attaché a elle, a ce point... c'était a la fois attendrissant et a la fois vomitif. Se laisser mourir par amour, il n'y a rien de plus idiot, et pourtant, c'est ce qu'il a fait. Je soupirais un peu.

- Midori... Il murmurait son nom, parfois... Je sais qu'il s'est laissé aller, regrettant une erreur... l'erreur étant, j'imagine, de l'abandonner... Ce ne peut pas être ma mère, même si... J'aurais au moins apprécié de la voir une fois.

Bon, d'accord, une des raisons, c'était pour lui en coller une. Mais c'était un peu exagéré, comme réaction... Si leur amour était réciproque, elle aurait été aussi brisée que l'épée en apprenant la mort de mon père. Si je le peux, je préfère ne pas aggraver les choses, ce n'est pas bon pour mon karma de toutes manières.
Je réfléchissais un peu, et je savais directement ce que je devais poser comme question a la belle sensei. Elle va mal le prendre, mais... J'étais un peu méfiante.

- C'est gentil de me proposer votre aide, Sensei... Mais j'imagine que cette aide ne se fera pas sans contrepartie... Quelle est la votre?

J'avais souvent aidé, la haut. Mais la contrepartie était souvent dans un lit, ou même ailleurs... Parfois dans des endroits assez inédits, mais même si cela me plaisait, mon moral en prenait un coup. Finalement, je me méfiais, même si la perspective de caliner tendrement la sensei m'effleurait l'esprit... Ah, non, Kanan, pas de pensées perverses en ce moment, c'est important la!
J'embrayais sur une autre question, un peu plus en rapport avec ma famille.

- Je sais que... mon père a deux soeurs... Mais je les connais a peine, je sais juste qu'elles vivent ensemble... Peut être les avez vous connues...

Quitte à devoir en souffrir, ce sera la tête haute.

Je l'écoutais, la tête penchée, mes yeux retrouvant leur couleur d'origine, bien qu'assombrie par la douleur de quelques souvenirs. Et ses paroles... Sanaka s'était laissé mourir d'amour, de douleur, d'avoir abandonné Midori ? Je fermais les yeux, chassant l'image de mon beau-frère, Ayanami, qui avait fait exactement la même chose, et était à présent un poids sur ma conscience. Après tout, il avait été mon confident pendant mon année lycée, il m'avait aidé à mettre au monde Himeka et Ichinose, je lui avais sauvé la vie autant qu'il avait sauvé la mienne, et même malgré que nous avions plus d'une fois faillit nous entre-tuer, et que notre relation s'était détériorée à partir du moment où j'avais officiellement été en couple avec Luze, je l'avais aimé tel un frère, tel ce grand-frère que l'on m'avait arraché à mon enfance. L'amour était donc si assassin... Quelle cruauté. Mais bref. Passons...

- Désolée, je ne sais pas qui pourrait être ta mère, alors... Je me souviens du jour où Sanaka est partit... Midori est devenue incontrôlable, on a cru qu'elle détruirait le lycée, et nous avec... Ensuite, je ne sais pas ce qu'elle est devenue...

Je lui fis signe de me suivre, me stoppant à l'entrée du bâtiment, m'adossant au mur. Le secrétariat attendrait un peu, pour l'instant, il y avait une affaire importante avec la jeune élève, qui semblait soudain un peu méfiante. Ce que je pouvais comprendre. Ses paroles me firent tout de même un effet douche froide. J'aurais presque cru avoir la « vraie » Yûki sous mes yeux... N'étaient-ce pas les paroles qu'elle avait prononcées quand Sarina avait voulu conclure un marché pour récupérer le miroir de Lilith, il y a 16 ans ? Je soupirais doucement, avant de sourire, un sourire triste et mélancolique.

- Je n'ai rien à te demander qui saurait me ravir... A moins que tu saches faire revenir les morts à la vie, ou retrouver la trace de personnes disparues depuis 16 ans... lâchais-je dans un petit rire amer, avant de m'adoucir. Si je t'aide, c'est de bonne volonté, je n'ai rien le droit de te demander en échange. Si j'arrive à te rendre un peu le sourire, ce sera là la meilleure contrepartie que tu pourras me rendre.

Je réfléchis ensuite un peu à ses paroles, deux sœurs qui vivaient ensemble ? Sarina... n'avait-elle pas parlé d'une sœur qu'elle avait aimé ? Ce pouvait-il que ce soit... elle ? Le cœur battant soudainement plus fort, dans la perspective d'avoir des nouvelles de cette amie, je regardais Kanan.

- Je... Je ne sais pas mais... Peut-être que l'une d'elle s'appelle Sarina ? Enfin, j'ai un doute... Puisqu'elle n'est pas un ange, à mes souvenirs... A moins qu'il ne s'agisse de sœurs adoptives ?

Peut-être ainsi pourrais-je savoir comment elle allait, ce qui me rassurerait un tant soit peu, moi qui n'avais eu de cesse de m'inquiéter pour tous ces proches perdus de vue en sortant de Yôkai...

Je réfléchissais, alors que je suivais la jolie sensei (je ne pouvais pas le nier qu'elle était mignonne) jusqu'a l'entrée du batiment. Je m'adossais également au mur, juste a coté d'elle, déposant mon sac sur le sol, celui ci tintant légèrement a cause de l'épée brisée. J'en profitais pour prendre une de mes pommes dorées, croquant dans le fruit délicieux en réfléchissant aux paroles de la sensei.
Alors comme ca, l'amour que mon père portait a cette Midori était des plus sincères et brulants... Au point que celle ci faillit tout dévaster. Qui que puisse être cette fille, elle avait réveillé chez mon père quelque chose d'unique, a la fois force et faiblesse. Je soupirais un peu, croquant a nouveau dans ma pomme.
Elle ne voulait aucune "récompense" de ma part... Je ne pouvais pas cacher ma surprise en entendant cette phrase pourtant si simple, mais... réconfortante, dans un sens. Je ne pouvais pas changer ma nature et mes instincts calins, mais le fait que cette fois, je n'étais pas obligée de passer a la casserole me soulagea un peu. Cela n'aurait pas été déplaisant, cela dit, mais j'y repenserais plus tard!
Je la regardais en coin, terminant ma pomme, trognon y compris.

- Si j'étais encore la haut, j'aurais pu retrouver quelqu'un... S'il s'agissait d'un Ange ou d'une personne vivant dans le monde humain. Mais je ne peux pas, enfin, pas ici... Et je ne retournerais jamais la haut... *Je levais les yeux.* Et... Je ne vais pas rechercher cette Midori... Elle aurait pu m'en dire beaucoup sur mon père, mais...Ce n'est pas vraiment ce que je veux savoir...

Elle voulait visiblement savoir ou étaient mes tantes... je réfléchissais un moment, pensive... Elles aussi m'avaient donné de faux noms, mais je savais pourquoi et je connaissais peut être leurs véritables noms... Du moins, j'en étais raisonnablement sure. Par réflexe, ou plutot par envie de contact, je posais doucement la tête sur l'épaule de la sensei. J'espère que ca ne la gênerait pas.

- Je crois qu'il s'agit de son vrai nom... Sarina... Et sa soeur Sanae. Quoique dans le monde humain, elles se font appeler Léa et Sélène... Leur travail l'exige, j'imagine. Je ne saurais vous dire si elles ont été adoptées ou non... Je sais juste qu'elles se sont mariées un peu avant la mort de mon père...

Dit comme ca, cela pouvait être choquant, mais je trouvais ca plutot... attendrissant. Je ne voulais pas de mariage, personnellement, ni être amoureuse ou quoi que ce soit d'autre, mais c'était plutot mignon de voir ces deux la (pour le peu que je les voyais) se caliner comme un petit couple.
Je ne savais plus trop quoi demander a la sensei, je ne pense pas qu'elle connaisse les détails privés de mon défunt père... Mais je voulais m'assurer au moins d'une chose, enfin... De connaitre au moins son avis.

- Dites, Sensei... Qu'auriez vous fait si vous ignoriez tout de votre propre nature... et que cette nature, apparaissant comme impure aux yeux des autres, vous forcait a faire des choses... que vous ne voudriez pas faire, mais que vous n'auriez pas le choix, sous peine d'être blessée, ou pire...?

Je devais au moins savoir ca, même si parler de mon propre passé était douloureux. Cela ne m'empêche pas d'aimer le sexe et ce qui s'y rapporte, hein, mais je prendrais toujours un coup au moral a chaque fois... Les souvenirs de ma vie la haut revenant sans cesse.

J'aimerais épargner la souffrance aux autres, pourtant.

Elle s'adossa elle aussi au mur, près de moi, et je ne pu m'empêcher de couler un regard sur le sac qu'elle posa au sol dans le même tintement métallique que plus tôt, sauf que cette fois je savais ce qu'il cachait. Je me demandais d'ailleurs si Kanan parviendrait réellement à la réparer. On ne ramenait pas les morts à la vie. A moins que cette épée ne se lie à cette jeune élève ? Etait-ce seulement possible ? J'avais déjà tenté d'initier mes filles à l'utilisation d'Artémis, mais elle les avait rejetées, sans aucun procès, refusant clairement que quelqu'un d'autre que moi la manipule. C'était assez étrange de se dire qu'une arme, un objet, pouvait se lier à nous autres monstres. Les humains, eux, ils s'en fichaient, ils n'avaient même pas connaissance de tout ça, pour la plupart du moins. Ils manipulaient toutes les armes qu'ils voulaient sans aucun soucis, en changeait dés qu'un dysfonctionnement se faisait remarquer. Chez nous, cela ne marchait pas ainsi. Et j'espérais sincèrement que Kanan parviendrait à la réparer, elle semblait en tout cas bien motivée.

Je la regardais alors qu'elle me répondait, et affichais un petit sourire en coin, un sourire sans joie toutefois. Le genre qui affichait une certaine déception que l'on aimerait masquer. Même si je n'étais pas vraiment déçue, me doutant que de toute manière qu'elle ne pourrait pas m'aider à retrouver Alice, ou Akimitsu ou même June. Non, j'étais condamnée à attendre. Attendre, je n'avais toujours fait que ça depuis qu'ils étaient partis, les uns après les autres.

- Tu... sembles avoir une sorte de rancune, envers... « là-haut ». Est-ce indiscret si je t'en demande les raisons ? Tu as semblé surprise lorsque je t'ai annoncé que je n'attendais aucun retour de ta part.

Je la laissais réfléchir, alors que moi-même j'étais partie dans des pensées nostalgiques de cette époque où j'étais du comité, nous étions un beau petit groupe, une belle bandes de joyeux énergumènes, et même si nous n'étions pas forcément très respectés, nous étions toujours là quand quelqu'un réclamait de l'aide. Shizuka en avait vite eu un ras le bol, du manque de reconnaissance des étudiants. Pour ma part, je ne m'étais jamais laissée vraiment atteindre, je n'agissais jamais pour avoir des remerciements de quiconque, j'agissais pour le plaisir d'aider. Aujourd'hui encore, cette logique ne m'avait pas quittée. Je la regardais en souriant, en rien gênée lorsqu'elle posa sa main sur mon épaule. Même si elle semblait un peu trop familière peut-être avec une professeure, je l'avais été en première en la prenant dans mes bras un peu plus tôt. Et puis, on n'allait pas me reprocher d'être sympathique avec une élève.

- Sanae... Elle était professeur à notre époque, il me semble. Professeur de musique si mes souvenirs sont bons... Elles se sont mariées ? J'en suis fort heureuse, si toutes les deux ont trouvé le bonheur ! Et je ne pense pas qu'elles soient les soeurs de sang de Sanaka, elles n'étaient pas des anges... Du moins, pas Sarina.

Je me souvenais ce jour là, dans la bibliothèque, lorsque sont sang de lycaon m'avait été dévoilé, je n'en revenais tout simplement pas. A ce moment là, j'étais encore réticente face aux hybrides. Mais je ne l'étais plus, depuis longtemps. J'écoutais alors ses paroles, fronçant un peu les sourcils. On devinait sans peine à son aura que ces paroles la concernaient directement et que ce n'était pas forcément très simple de parler de ça. Je la regardais avec douceur, secouant doucement la tête.

- J'ai toujours eu une certaine fierté, je me bats contre ce que je trouve injuste et ce qu'importe le prix à en payer. Cela fait bien longtemps que j'agis selon mes désirs quitte à déplaire aux autres et à en payer le prix fort. Je pense que je préférerais être tuée que me plier aux désirs de qui que ce soit, surtout s'ils sont déplacés. Toutefois, il est parfois plus judicieux de protéger sa vie, et dans ce cas, on se retrouve à faire des choses que l'on ne veut pas forcément, et je ne pense pas pouvoir juger. De toute manière, à mes yeux, ceux qui devraient être jugés sont ceux qui profitent de la nature « impure » de la personne pour la soumettre.

Après une légère hésitation et un petit sourire, je revins la prendre doucement dans mes bras, dans un geste réconfortant. Il fut un temps au lycée où j'étais volontairement le jouet de ceux qui le voulaient bien. Pourquoi ? Pour avoir le sentiment d'exister, même brièvement, même pour quelqu'un qui me mépriserait pour m'être offerte sans aucun respect pour moi. J'étais jeune et fragile à l'époque, en pleine recherche d'identité, m'adonnant aux plaisirs de la chair pour me trouver. Au final, j'avais fini par me perdre, jusqu'à ce que l'on me tende la main pour me remettre sur le droit chemin, que je suivais aujourd'hui... Ou du moins espérais-je que ce fusse le droit chemin.

Je ne l'écoutais qu'a demi, plongée dans mes souvenirs douloureux. c'était un peu de ma faute si on en venait a discuter de "ca", mais je n'arrivais toujours pas a chasser le souvenir de ce que j'avais subi la haut. La rancune était encore trop légère pour eux... Je voulais qu'ils disparaissent tous. Définitivement, dans le sang et les larmes... A force de penser a ca, mes yeux se teintèrent d'un rouge furieux, lentement. J'avais déja vu cet étrange coloration mais j'ignorais totalement d'ou elle venait, comment elle se produisait... Un mystère de plus. Je la regardais, mes yeux toujours aussi rouges.

- A cause d'eux... Je n'ai eu ni enfance, ni innocence, ni famille... C'est leurs lois idiotes qui forcaient mon père a m'abandonner, sans jamais que je ne sache pourquoi... Ils ont profité de moi, de ma jeunesse, pour briser mon enfance...

Mes larmes se mirent a couler, mais pas de tristesse... De colère. De rage. Quelque chose de si sombre qu'un de mes sceaux, celui placé sur mon poignet gauche, se mit a luire d'une lueur rouge, légère. Je n'avais rien vu.

- J'étais soumise a tous leurs caprices, même les plus malsains qu'il puisse exister... J'avais beau refuser, essayer de me battre, ils arrivaient toujours a me garder enchainée... C'est comme ca que j'ai découvert le sexe... Forcée, obligée, dominée... Tout ca a huit ans.

Je tachais de contenir ma colère, si je n'y arrivais pas, les choses allaient prendre des proportions douloureusement graves. Dehors, le vent s'éveillait déja a mon appel muet et inconscient, guidé par ma seule rage, alors que mon sceau brillait toujours un peu. Un pauvre moineau qui n'avait rien demandé fut emporté par une bourrasque et s'explosa dans une fenêtre proche.

- Qu'elles soient heureuses si ca les amuse... Je ne les ai presque jamais vues, c'est a peine si je les connais et que je peux les considérer comme ma famille...

Mes nerfs lachaient, et mon sceau réagit en conséquence... Il se brisa, le bracelet d'or le masquant éclatant dans un bruit sourd avant de tomber au sol. Je n'y prêtais pas attention, je n'avais qu'une seule chose en tête en ce moment, malgré que la sensei m'avait serrée contre elle. Je ne décolérais pas.

- La rancune est un mot faible... Je vais tous les tuer, sans exception... Et celui qui m'a forcée, neuf ans plus tot... Son âme elle même sera détruite, a tout jamais, pour qu'il ne revienne plus...

La fin d'une colère enfouie en moi depuis des années... Je ne pouvais pas m'empêcher de pleurer, tant j'étais en rage face a ces soi-disant anges... Finalement j'étais mieux ici. Bon, j'admets que j'étais dans les bras d'une sensei et que c'était un peu... limite. Mais c'était... étrangement réconfortant. J'en avais bien besoin...

Etre une héroïne... Mais ce n'est que dans les films.

Je fermais les yeux à ses paroles, un long frisson remontant le long de mon échine. Vous voyez, on a tous gravé en nous ce mythe des anges. Des êtres purs, innocents, « justiciers » du bien. Les ennemis naturels des démons, et ce depuis toujours. Même moi, je les avais toujours imaginé comme tels. Et pourtant, aujourd'hui, je comprenais que ce n'était qu'un ramassis de foutaises, et qu'au final, une race ne déterminait pas forcément un comportement. Je ne comprenais pas, comment certaines personnes, humaines ou non, pouvaient être amusées à l'idée de briser la vie d'une enfant de 8 ans ?

Je gardais le silence, ne sachant pas trop quoi dire. Moi aussi, j'avais perdu mon innocence dans un viol, seulement, c'était lorsque j'avais 16 ans, à mon arrivée à Yôkai. Je n'irais pas jusqu'à dire que ça ne m'avait pas laissé de traces, mais c'était sûrement moins traumatisant que pour Kanan. Et puis, d'un côté, il s'en était découlé que j'étais devenue assez... perverse sur les bords, même si je ne l'admettrais certainement pas devant n'importe qui.

A cet instant j'entendis un bruit sourd, qui me fit sursauter et rouvrir les yeux, apercevant l'un des bracelets d'or que portait la jeune femme un instant plus tôt, et qui cette fois était au sol. Je reposais mon regard sur la belle argentée, venant essuyer ses larmes avec mes pouces, l'observant doucement, non pas avec pitié mais avec compassion.

- Kanan... La vengeance n'amène jamais rien de bon, le sais-tu ? Le temps se chargera de les punir, leur karma en a pris un coup et la vie le leur rendra bien.

Je détournais un moment le regard, songeant qu'autrefois moi aussi j'avais réclamé vengeance, non pas pour moi mais pour certains de mes amis. Tout ce que j'avais gagné ? Souffrir davantage et faire souffrir mes amis. Sans parvenir à vraiment les venger. J'avais été stupide à cette époque, bien trop naïve et altruiste. Mais j'avais eu le mérite d'apprendre de mes erreurs tout en sachant que j'en commettrais encore et encore... Je soupirais tout doucement, secouant la tête d'un geste à peine perceptible.

- La haine n'engendre que la haine, qui sait si tu ne te fera pas plus de mal que maintenant ? Réfléchis un peu, dis-toi que c'est loin derrière toi... Ici, tout ira mieux, je te le promets... soufflais-je avant de sourire tristement, la regardant à nouveau. Tu pourras dire que je ne te comprends pas, ou que tu n'as plus rien à perdre mais... Regarde bien ce qui t'entoure, avant de parler trop vite.

Je reportais mon attention sur les branches des arbres environnants, les feuilles tremblantes agitées par le vent, qui semblait depuis un moment guidé par les émotions de l'étudiante. Il était plus fort qu'avant, son aura était sombre, furieuse, haineuse, et ses yeux reflétaient la même rage. Et je me demandais en silence « Pourquoi ? ». Ce pourquoi qui réfère à toutes ces questions que l'on osera jamais poser, ou qui n'obtiendront jamais de réponses. A toutes ces questions qui n'ont tout simplement pas lieu d'être, bien qu’existentielles....

Je l'écoutais. En temps normal j'avais un esprit de contradiction assez poussé, ou plutot, mes anciennes connaissances parlaient d' "indépendance". J'ai toujours pensé que cette chose n'existait pas... On est toujours dépendant de quelque chose ou de quelqu'un. Certains dépendent de la violence, d'autre de l'alcool, ou de la clope. Je dépendais de calins, mais je ne l'avouerais jamais ouvertement.
Il y avait, dans son ton, quelque chose qui me disait qu'elle parlait d'expérience. Sans doute que cela me calmait un peu, de savoir, ou plutot de penser, qu'elle avait peut être pu connaitre quelque chose de similaire. Cela dit, elle avait raison. Si j'abattais mes anciens bourreaux, j'allais attirer la haine d'autres... C'était presque logique.

Je la regardais, ne prêtant pas attention a mon bracelet qui était tombé.

- Je ne peux pas comprendre... Que devrais-je faire, laisser ce pourri continuer a vivre, et qu'il s'attaque a quelqu'un d'autre? Qui sait s'il n'a pas recommencé... Je n'aimerais pas qu'une autre fille -ou pire, un garcon- subisse le même sort.

Je réfléchissais a ce que j'allais dire, c'était mon coeur -du moins, ce qu'il en restait- qui parlait. Mais une dose de raison peut aider.

- Je dirais même... Que cela vienne d'un ange ou de quelqu'un d'autre, j'aimerais que personne ne subisse le même sort. Mais j'peux rien faire seule, pas contre ca. C'est égoiste, comme raison... Juste parce que ca m'est arrivé, j'veux que ca n'arrive a personne. Si j'avais rien eu, je n'en aurais rien a claquer.

Honnête et direct. Tout moi, quoi. Je fixais la sensei dans les yeux, souriant un peu.

- Mieux ici... J'sais pas. Pour l'instant, j'peux pas dire que c'est le cas, ou pas. Je ne connais pour ainsi dire personne. Excepté vous, évidemment... J'espère que je n'abuse pas de votre temps, ni de votre gentillesse, ce serait dommage.

Sur le coup je me disais qu'elle devait faire le bonheur d'un éventuel mari, ou amante. Je suis un peu jalouse, mais bon. J'dois bien avoir des qualités quelque part.

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