Cache-cache au bureau ? [PV Shizuka&Yûki]

• Nous étions rentrées en bavardant, ou en laissant passer des silences qui n’avaient rien de pesant, bien au contraire. J’étais bien plus détendue qu’au début, et tant mieux, je suppose. Je ne me retrouvais au moins pas totalement seule, j’avais une cheffe qui se révélerait peut-être comme une amie, au fur et à mesure, qui sait ? D’un côté, je lui étais reconnaissante de me montrer qu’au final, sang-pur ou hybride, c’est du pareil au même. Même si j’avais encore quelques idées toutes faites sur les hybrides, qui ne disparaîtraient certainement pas de si tôt. Elle, elle en avait certainement sur les sang-pur, malgré qu’elle ne jugeait pas au sang qui coulait dans les veines d’autrui, cela ne devait sûrement pas l’empêcher d’avoir quelques clichés bien ancrés en elle. Toutefois, je ne pensais pas vraiment passer pour l’un de ces clichés, du moins, je l’espérais.
  
  
• Certes, j’étais de haute lignée, d’une famille autrefois princière, qui l’était restée longtemps puisqu’il était coutume de se marier et de procréer entre frère et soeur. Ce qui, dans certaines familles telle que la mienne, n’était plus une obligation, juste une possibilité. Toutefois, mes parents avaient été formels : « Tu nous ramènes un vampire de sang-pur ! ». Raison pour laquelle je risquais de finir avec Kaname par défaut. Pff.
  
  
• D’autres clichés ? Leur ego sur-dimensionné, leur orgueil et leur chic de « Je suis un sang-pur donc tu te tais, et tu obéis. » qui m’avait toujours insupportée. Sinon, j’avais eu la chance d’échapper aux cours à domicile, grâce à Kyô et Sara, mais en général les sang-pur ne se mêlaient pas à « ces inférieurs d’humains tout juste bons à nous nourrir. » d’après mes parents. Il n’empêche que l’on ne m’avait jamais parlé de toutes ces autres races qui peuplaient ce monde, pourtant j’avais eu envie d’apprendre, mais non, bien sûr, seule notre race importait. Encore du grand n’importe quoi, un cliché bien réel qui ne me correspondait pas. Et enfin, il parait que les sang-pur sont « coincés ». Ah ouais, ben, je dois être l’exception, puisque j’adore m’éclater et faire la fête. Même si je n’avais pas forcément toujours la possibilité, ma tante Seiren me permettait tout de même de vivre ma vie sans accroc. Enfin, chacun ses idées, ses pensées et ses clichés, on ne refera pas le monde.
  
  
• Trèves de blabla, nous étions à présent dans le bureau du comité, moi appuyée contre le mur près de la porte. Je secouais un peu la tête, levant le regard vers ma cheffe.
  
  - Alors, programme ? Tu as une idée pour le fonctionnement des rondes ? Genre la fréquence, si on va travailler en groupe ou non ? D’ailleurs… Je préfère travailler en extérieur, mais si un jour il y a besoin d’un coup de main pour la paperasse, n’hésite pas.
  
  
• Je lui souris alors, la tête inclinée sur le côté. J’attendais patiemment sa réponse, bras croisés sous ma poitrine.
  

Le hasard fait... bien les choses ?

Je regardais ma cheffe s'asseoir sur son fauteuil, à son bureau, et je songeais qu'elle n'avait même pas besoin d'être debout pour en imposer. Même en la voyant comme ça, détendue et souriante, on pouvait deviner qu'elle n'était pas une enfant de chœur, et que si on la cherchait, ni une ni deux on la trouvait. Elle avait le profil d'une dirigeante, et ça me mettait en confiance. J'avais vu bien trop de postes importants occupés par des incapables, naïfs et manipulables que l'on corrompait dés que ça nous chantait, et j'étais rassurée qu'ici ce ne fut pas le cas. Pour tout dire, j'étais prête à la respecter, même si je n'hésiterais pas à dire ce que je pensais si je trouvais que quelque chose n'allait pas. Après tout, on a du répondant ou on en a pas.

Lorsqu'elle annonça que nous allions travailler en binôme, j'acquiesçais, espérant juste que je m'entendrais bien avec mon ou ma collègue. Sinon, cette histoire risquait de très mal finir. Enfin, penser positif, penser positif, penser positif... Positive attitude ! Pas la peine que je gâche moi-même la confiance dans laquelle j'étais.

Je posais à mon tour le regard sur les piles de dossiers, patiemment posées sur le bureau, en l'attente d'un bon tri. Je songeais un instant que cela me permettrait peut-être de connaître la race de Shizuka. Quoique, ça gâchait tout le jeu. Donc, non, même si je tombais sur le sien, je ne regarderais pas la race. J'hochais la tête, affichant un léger sourire.

- Je fais ça, alors. Ce sera bien, comme ça, en rencontrant les autres j'aurais une longueur d'avance sur eux.

J'avais dit ça en plaisantant, bien sûr. Je m'en fichais royalement de connaître leur nom ou leur race par avance grâce aux photos présentes dans les dossiers. Je m'avançais alors vers la pile, ouvrant un premier dossier pour regarder la race. Dragon. Je clignais des yeux, surprise.

- Les dragons... Je croyais que ce n'était que des légendes... Enfin, dit comme ça puisque je suis un vampire, c'est un peu idiot mais...

Je me mordillais la lèvre, un peu gênée. J'avais l'air maline, moi. Je soupirais, et regardais le nom. C. Je me mis alors en tête de faire une pile par lettre, qui serait elles-mêmes chacune dans l'ordre. Ce que je commençais donc à faire, jusqu'à m'arrêter sur un dossier, en reconnaissant le démon de bas étage qui nous avait attaquées au cimetière. Bah tiens, il avait vraiment une sale tête. Je grimaçais, l'air dégoûtée, avant de poser le dossier à sa place. Les races défilaient sous mes yeux, me surprenant souvent. Des sorcières, des succubes, des elfes, des anges, il y avait vraiment de tout. Et puis, soudain, je tombais sur un dossier, et la photo attaché à la feuille de renseignements par un trombone me laissa muette. La jeune femme était des plus belles, peut-être même la plus belle du lycée. De splendides cheveux bleus, des yeux pétillants de joie identiques, un sourire qu'on aurait jamais envie de voir disparaître. Mon regard descendit sur sa race. Sirène. Puis, je remontais sur son nom. Melody Umi.

- Elle est... belle. Et... une sirène... Ça aussi, je croyais que ce n'était qu'une légende. Un peu comme Ariel, la petite sirène qui a quitté la mer par amour pour un humain...

Je ris doucement, me sentant un peu stupide, je raisonnais comme une enfant, mais j'avais toujours aimé tous ces dessins animés tous plus mignons les uns que les autres. Un sourire aux lèvres, je levais les yeux vers ma cheffe, le dossier toujours ouvert à la première page dans les mains.